COMPAGNIE BOREEL

Tout commence par une exposition photographique.

Disposées dans une vingtaine de valises en cuir, les photos –fixées sur des tuteurs- jaillissent de terre et s’invitent au regard du spectateur. A cet instant, il s’agit encore d’une « part du photographe », empreinte de ses voyages, de ses racines, de son regard.

Lorsqu’il le souhaite, le spectateur cueille la photo de son choix. Vectrice de chahuts émotionnels, la photo adoptée bénéficie dès lors d’une nouvelle paternité et devient une « part du spectateur » que celui-ci doit immédiatement nommer.

Puis il se dirige vers la table du comédien, ici appelé « commis de poésie ».

La troisième étape invoque le pouvoir d’agir du spect’acteur. Celui-ci est amené à cuisiner sa photo à l’aide d’ingrédients langagiers, de condiments imaginés, avec l’aide complice de son « commis de poésie ». S’immergeant ainsi dans le jeu poétique, il n’est pas rare de voir le jeune poète faire appel aux passants pour nourrir sa marmite de « secrets d’inconnus », de « peines d’autrui », de « nuages d’autres cieux », …

Au fur et à mesure de l’expérience, le jeune poète délivre sa recette à l’écrit, dans le creux d’une assiette mise à sa disposition.De ces recettes, le comédien conserve l’assiette comme restitution du cheminement artistique de chacun de ces poètes improvisés, avant de dresser une table et d’inviter les passants à se nourrir des mots des autres. Les jeunes poètes repartent avec la photo, « leur part nommée », la clef d’une question posée par l’image à laquelle l’intime répond.