top of page

Le Trottoir du Monde

Musique, Texte : Ana M
Arrangements : Martial Bort

 

Mesdemoiselles et messieurs,

Approchez, approchez…

Ouvrez donc grand vos yeux

Que j’vous présente mon quartier !

En Face, la boulangerie

Qui transpire le bon pain,

A gauche, la librairie :

Un sacré va et vient !

Vous pensez qu’à Paris

Votre vie est plus belle,

Pourtant le ciel est gris

Et les filles plus pucelles !

 

Sur le trottoir du monde,

J’vois passer les gens biens,

Ces gens qui vagabondent…

… rue Saint Martin.

 

Voyez ces spécimens,

Ces modèles de vertus,

Qui gonflent leur abdomen

En arpentant ma rue !

Ils se coiffent de pétrole,

Ne boivent que du bon vin,

Moi j’carbure à l’alcool

Et je pisse comme un chien !

Vous qui m’traitez d’voleur,

De voyou, de vaurien,

Vous qui tracez votre route

Porte monnaie à la main !

 

Sur le trottoir du monde,

J’vois passer les gens bien,

Ces gens aux regards sombres

Et aux sourires… mesquins !

 

Quand je vois tous ces chiards

Cartable sur le dos,

Qui sont sûrs que plus tard

Ils auront du boulot !

Je repense à mon père

Qui est encore bien en vie.

Ah ! Ca vous fait taire !

Bande de pourris !!

Si j’étais sans famille

Et élevé par la DASS,

Ce serait p’tetre plus facile

De vivre dans une impasse !

 

Sur le trottoir du monde

J’vois passer les gens biens,

Ces gens aux cœurs en tombe

Qui t’enterrent l’air de rien.

 

Et j’l’entends qui m’répète :

« Travaille tes maths !!

Espèce de p’tite tapette

T’auras jamais ton bac ! »

Pour que mon père croit en moi,

J’aurais du deviner

Qui fallait que j’fasse l’ENA

Et que j’sois pas pédé !

Tu t’retrouves à la rue

Et tes potes s’évaporent,

Dix huit piges et ton cul

Pour t’payer un décor !

 

Sur le trottoir du monde

J’vois passer les gens biens,

Tous les soirs j’fais salle comble

Au pied… du G20.

 

Et tu gardes ta fierté,

Tu veux pas tendre la main,

Tu t’dis qu’vaut mieux crever

Que demander un bout d’pain !

Et les saisons passent,

Tu vomis ton ego

Et t’arpentes les terrasses

En mendiant deux euros !

Mais c’que t’as pas compris,

C’est qu’ce sont des gens biens

Et qu’un clodo qui pue

Ca peut attendre demain !

 

Sur le trottoir du monde

J’vois passer les gens biens,

Ces gens qui quand tu tombes

Ne te tendent pas la main ! bis

 

Mesdemoiselles et messieurs,

Approchez, approchez…

Ouvrez donc grand vos yeux

Que j’vous présente… mon quartier !

Avec le Temps

Musique, Arrangements : Bruno Barrier
Texte : Ana M

Je collectionne les sabliers,

L’un après l’autre, je les élime,

Je place leur reste dans une vitrine

Que je camoufle à tours secrets !  

Puis je dépiaute la minute

Pour en extraire la seconde

Qui me provoque, furibonde,

Quand de mes heures je l’insulte 

 

Avec le temps, viens,

Tout revient !

Une porte battante,

Qui va, qui tente,

Un velux entrouvert

Sur demain,

sur hier…  

 

Ma cachette s’est enrichie

Au fil des dernières années,

De ces cadavres du temps passé

Qui saignent le sable qui me nourrit ! 

Mais pour qu’j’en savoure l’élixir

Toutes ces secondes me rendent malade

Et font de mes envies bâtardes

Les plus profonds de mes désirs  

 

Avec le temps, viens,

Tout revient !

Une porte battante,

Qui va, qui tente,

Un velux entrouvert

Sur demain,

sur hier…  

 

J’aime regarder vers l’arrière,

Tourner les talons et m’enfuir,

A tir d’ailes, tanner mon cuir,

A coups de grêles et de barrières ! 

Aucune minute ne vaudra

Cette seconde qui palpite

En plein dans le cœur de mes tripes,

Bien au chaud au creux de mes choix.  

 

Avec le temps, viens,

Tout revient !

Une porte battante,

Qui va, qui tente,

Un velux entrouvert

sur demain,

sur hier…

Sein Denis

Musique, Arrangements : Bruno Barrier
Texte : Ana M

Une plastique qui fait mouche

Diamant brut de jeunesse,

La vie en bouche à bouche,

Je survis dans l’ivresse

De la perle de l’âge

Où tout doit être possible,

Où rien ne fait naufrage,

Où tout est accessible.

 

 

Plus d’parents, plus de fric,

Malgré mon p’tit plein d’temps

Chez le roi de la frite,

Le mac des étudiants !

J’ramais à découvert

Quand mon boss m’a tentée :

Un contrat payé cher,

Direct prise… a l’essai !

 

Bijoux plastron,

Pipe au patron

 

J’ai dis oui fermement,

Il m’a dis « plus encore ! »

J’ai finis par dire NAN,

Il m’a foutu dehors !

Dégagée d’son plumard :

Fin de la formation,

V’la qu’j’me retrouve sur l’trottoir

Mon corps en location !

 

Bague fantaisie,

Rue saint denis

 

Mes clients sont d’la haute :

P’tits bourgeois, profs, huissiers,

Qui t’filent cinquante euros

Pour qu’tu branles leur fierté !

Me sors pas les phrases cultes,

C’est pas du fric facile

Quand tu n’es plus qu’une pute

Aux yeux de toute une ville.

 

Collier plastoque

Me v’la en cloque

 

J’ai pas honte de t’avouer

Que t’es née d’une catin,

Dans l’purin de châtelet

Pour quelques billets de vingt !

Tu peux m’être insultante,

Plus que les autres ados ;

Mais j’resterai la fiente

qui coule à ton berceau.

 

Bijoux plastron,

Pipe au patron,

Bague fantaisie,

Rue Saint Denis,

Collier plastoque,

Me v’la en cloque,

De toi ma fille,

Bijoux d’famille !

Les Tisserands

Musique,Arrangements : Bruno Barrier
Texte : Ana M

 

Mon enfance s’est cachée

Quelque part sous ces pavés

A l’abri du temps présent

Bien enfouis sous le ciment…

 

Dans tes ruelles je tisse ma robe

De dentelles qui m’ont faites grandir,

Une seconde peau de souvenirs

Tout un empire qui se brode.

Quand je me trouve un peu perdue,

Clichy ma belle au bois d’antan,

Je me blottis dans le tissu

Du 17 passage des tisserands.

 

Ma jeunesse s’est endormie

Sur le palier de cette maison,

Un tour de clef, dix ans et demi,

En route vers un nouveau perron.

 

Dans tes ruelles je tisse ma robe

De dentelles qui m’ont faites grandir,

Une seconde peau de souvenirs

Tout un empire qui se brode.

Quand je me trouve un peu perdue,

Clichy ma belle au bois d’antan,

Je me blottis dans le tissu

Du 17 passage des tisserands.

 

Mes jeunes années te sont fidèles,

Un peu comme un premier amour,

Depuis l’école maternelle

Je pense à toi, à nos carrefours…

 

Dans tes ruelles je tisse ma robe

De dentelles qui m’ont faites grandir,

Une seconde peau de souvenirs

Tout un empire qui se brode.

Quand je me trouve un peu perdue,

Clichy ma belle au bois d’antan,

Je me blottis dans le tissu

Du 17 passage des tisserands.

Quand tu auras mon Age

Musique, Texte : Ana M
Arrangements : Martial Bort

 

Chaque aurore me fait naître

Toujours plus insatiable.

Le danger que tu guettes,

Je l’invite à ma table !

Tu me créais des carences

A déjouer tous les mals,

Quand j’ai faim d’expériences

Les plus irresponsables…

 

Quand tu auras mon âge

Tu chanteras mes tourments,

En dansant les orages

Sans trop savoir comment !

Quand tu auras mon âge,

Tu comprendras, maman.

 

J’ai tellement soif de vivre,

Que j’éponge chaque excès

En m’imbibant des rires

Qui purulent de mes plaies.

Je me saoule des tabous,

Je m’enivre à la vie,

Mais c’est toi qui vois flou

Et qui perds l’appétit !

 

Quand tu auras mon âge

Tu chanteras mes tourments,

En dansant les orages

Sans trop savoir comment !

Quand tu auras mon âge,

Tu comprendras, maman.

 

Mais parfois il arrive

Que j’avale de travers

Et qu’je manque de salive

Arrivée au dessert…

Alors, sans hésiter,

Tu te jettes sur le plat

Afin de mastiquer

Ce que je n’digère pas…

 

Quand tu auras mon âge

Tu chanteras mes tourments,

En dansant les orages

Sans trop savoir comment !

Quand tu auras mon âge,
Tu comprendras, maman…

La P'tite Musique

Musique : Bruno Barrier
Arrangements : Martial Bort
Texte : Ana M

Moi j’veux entendre la p’tite musique,

Bien loin de dame ritournelle,

Cette mélodie un peu magique,

Aux assonances inhabituelles !

J’aimerais entendre cette p’tite musique,

Pas les refrains, ni les comptines,

Mais une rencontre qui soit unique,

Un infra son, une baladine.

 

Il s’agit d’être stratégique

Afin d’provoquer l’évidence,

Alors je m’inscris en « musique »

En espérant croiser ma chance !

Mais ô soupir ! Les soupirants

Ne sont que rengaines et reprises

De musiquettes d’un autre temps

Qu’ils se refilent façon showbiz !

J’ai les tympans plein d’amertume,

Le métronome qui s’assoupit,

J’ai le diapason qui s’enrhume,

Quand tout d’un coup, je l’entends, lui !

 

Et la p’tite musique retentit

Par tout les gammes de son do(s) !

Il se retourne, je m’évanouis,

J’ai sa mélodie dans la peau !

Devant cet homme symphonique,

J’ouvre grand les yeux, je ne bouge plus,

De peur de choper la rythmique

Et puis de l’embrasser tout cru.

 

Alors j’assiège le premier rang

Pour me délecter de son air…

J’arpège mes moindres sentiments,

Et je m’applique à les faire taire !

La p’tite musique est si puissante

Que j’y réponds comme un écho ;

Une de ses cadences entêtantes

Qui m’fait monter en crescendo !

Je suis une cancre assidue,

Une mélomane de ses soupirs.

Je compte nos années suspendues

Et elles me bercent de plaisir…

 

(PONT)

Je le savoure par les oreilles…

Puis par la voix… puis par le corps…

J’apprends à lire son sommeil,

A déchiffrer nos petites morts…

Et quand je chante les crécelles

C’est qu’il accorde nos violons !

La p’tite musique s’est fait la belle,

Nous laissant seuls, à l’unisson.

 

Moi j’veux entendre la p’tite musique,

Bien loin de dame ritournelle,

Cette mélodie un peu magique,

Aux assonances inhabituelles !

J’aimerais entendre cette p’tite musique,

Pas les refrains, ni les comptines,

Mais une rencontre qui soit unique,

Un infra son, une baladine.

La Plage

Musique, Texte : Ana M

J’t’ai convoqué par carte postale,

En le priant de jouer le jeu

D’un « Paris plage » un peu spécial,

En te donnant l’heure et le lieu...

Puis j’ai couru acheter des mètres

De tissus jaunes et bleus,

Ainsi que des bougies violettes

Et un parasol paré d’enjeux.  

 

Je voulais faire de cette soirée

Le requiem de notre idylle,

En faisant d’ma salle à manger

Un petit bout de ton Brésil…

J’rêvais de fous rires, d’embrassades,

De discussions jusqu’à l’aurore,

Sans en passer par l’enguelade

Ni par des vagues de désaccords.

 

Sous le soleil de Rambuteau

J’avais tout bien organisé ;

Des petits fours au bord de l’eau

Jusqu’au banc de sable sur mon parquet !

J’avais découpé du papier

Et orné le tout de poisson

Sachant que derrière j’écrivais

Les vœux de notre désunion.

 

Je voulais que ca se passe bien,

Qu’on se quitte avec le sourire

Pour se lancer dans le grand bain

Avec le hâle de ce souvenir !

J’rêvais d’un hommage éclatant,

A notre histoire naufragée

Sur les rivages de mon divan

J’me sentais prête, je t’attendais.

 

Le soir venu, je m’étais faite

Aussi jolie qu’un soir d’été,

Depuis le short jusqu’aux lunettes,

En passant par la peau huilée…

Je patientais en préparant

Ma toute dernière caipirinhas !

Je patientais en trépignant,

Sur un fond de bossa nova…

 

Je voulais qu’tu sonnes à la porte

Et que tu ris du paysage ;

Que tu comprennes ce qui importe

De conserver dans nos bagages.

J’rêvais que tu te mettes pieds nus

Et que tu joues au romantique !

Mais c’était omettre l’imprévu

Que tu n’passes jamais le portique…

 

Sur ma plage, abandonnée,

Je verse de mes yeux l’eau salée

Et je me noie dans la goutte d’eau

D’un « happy end » qui tombe à l’eau.

 

J'ai une chanson

Musique, Texte : Ana M
Arrangements : Bruno Barrier

J’ai une chanson égarée

Qui s’est perdue sur tes lèvres.

Avec des rimes embarrassées

Dont le texte, me donne la fièvre…

 

J’ai une chanson asexuée

Entre amour et amitié.

Un corps à corps sur le papier,

Juste une virgule, pour respirer…

 

Et cette chanson que je susurre,

Du bout des doigts, à demi-mot,

Trouve ses refrains dans nos ratures,

Tes « e » muets, mes « e » dans l’eau !

 

Mais cette chanson qui s’effiloche,

Au fil des vers un peu brouillons,

Que je tricote de croche en croche,

Toi tu en perds la partition…

 

Cette rengaine, je te le jure !

J’en retrouverai chaque demi-ton,

Je les glisserai par la serrure,

A mesure que me revienne les sons !

 

Cette ritournelle qui m’échappe,

Je l’attraperai comme par surprise !

Elle sera pleine de fautes de frappe

Je la laisserai faire à sa guise !

 

Je gribouillerai tous ses couplets…

La nourrirait d’un avenir…

Serais fidèle à nos imparfaits…

Comme enivrée de ses soupirs…

 

Oui cette chanson, je l’écrirai,

De nos deux encres, sur un pupitre,

En majuscule je t’en dédirai…

Le titre.

Pervenche

Musique, Texte : Ana M
Arrangements : Martial Bort

 

Je signe des autographes

Tous les jours dans Paris

On organise des « rafles »

Dont je suis l’égérie,

 

Mes entrées distrayantes

Sont toujours remarquées

Par deux ou trois passantes

Qui ont l’air désolées…

 

Vous m’avez reconnue :

J’suis la fleur des trottoirs

Qui bourgeonne dans les rues,

Qui embaume le pouvoir !

Je flaire le hors la loi

Chaque jour -sauf le dimanche !-

J’les cueille par paire de trois,

Appelez-moi pervenche !

 

J’ai faim de ces fraudeurs,

Leur colère me régale,

Je savoure leurs malheurs,

Je dévore leurs scandales !

Et quand ils d’viennent tous verts,

D’un seul coup de stylo,

Je les passe au dessert :

« Ça fera 35 euros !»

 

Vous m’avez reconnue :

J’suis la fleur des trottoirs

Qui bourgeonne dans les rues,

Qui embaume le pouvoir !

Je flaire le hors la loi

Chaque jour -sauf le dimanche !-

J’les cueille par paire de trois,

Appelez-moi pervenche !

 

A chaque contravention,

C’est le pied absolu !

Il me prend des frissons

Que j’ai jamais connus…

 

J’ai l’amende orgasmique !

J’fais trembler les boulevards !

Grâce à tous ces comiques

Qui savent pas où ils s’garent !

 

Pont :

La douceur du papier

Qui se colle au capot,

C’est comme si la fourrière

Venait me masser l’doooos !

 

Vous m’avez reconnue :

J’suis la fleur des trottoirs

Qui bourgeonne dans les rues,

Qui embaume le pouvoir !

Je flaire le hors la loi

Chaque jour -sauf le dimanche !

J’les cueille par paire de trois,

Appelez-moi... Pervenche !!

Sans Valentin

Musique, Arrangements : Bruno Barrier
Texte : Ana M

Sortir la marmelade affective,

Tartiner des ballades compulsives,

Avoir du baume aux cordes,

Des guimauves aux guiboles,

Syndrome édulcoré

Du quatorze février.

 

Parler en synonymes de douze pieds,

« Je t’aime je t’ador’je te kiff’tu me plais »,

Métaphore sans images,

Poésie sans rimes :

Les vils avantages

Des maudites valentines.

 

Pour faire un arc en ciel,

Il faut être plusieurs ;

Faire chialer le soleil

Pour sentir sa chaleur !

Tomber amoureux,

Ca demande du talent :

L’audace d’être deux

Plus d’une fois par an.

 

Agnostique de l’amour quotidien

Vivant au jour le jour chaque matin

Avoir du cœur au ventre

Se dire indépendante,

Planter un coeurisier

Pour chaque baiser volé

 

Pour être reine aux échecs

Faut jouer des habitudes

Mater la solitude

A coup de cinq à sept.

Etre célibattante,

Ca demande du panache !

La fierté insolente

D’une vie sans attache.

 

Aller au restaurant parce qu’il faut

Offrir des compliments au prix d’gros

Sur un air chabada

Courir les chocolats,

Faire semblant d’être belle

Aux rendez vous annuels.

 

Les valantines se flattent, se flétrissent…

Dès le quinze février, se languissent…

Mais les célibattantes

Comme les vraies amoureuses,

N’ont pas besoin d’attendre

Pour être pleinement heureuses !

 

Pour sentir les sourires

Sous chaque pore de peau,

Faut danser les soupirs,

Et tenir le tempo.

Rester mauvaise herbe :

Ca demande du courage !

Des racines qui s’emmêlent

A toute heure, à tout âge !

bottom of page