LES SŒURS LACHAISE (Trio vocal)
Paris, je t'aime
2014
Paris je t’aime
Dans tes transports,
Dans ta cavale
Du temps gagné.
Paris je t’aime
Depuis l’aurore
Lorsque tu râles
Dans les cafés.
Paris je t’aime
Lorsque tu pleures
De toutes tes larmes
Sur les boul’vards.
Paris je t’aime
Lorsque t’as peur
D’attraper mal,
D’attraper tard.
Paris je t’aime
Quand tu te vides
Et que s’endorment
Tes ruelles.
Paris je t’aime
Quand tu te rides
Sans que se gomme
Ton immortel.
Paris je t’aime
Pour tes parfums
Embitumés
De mixité.
Paris je t’aime
Quand tes embruns
Laissent émerger
De longs baisers.
Paris je t’aime
Lorsque tu charmes
Les provinciaux
Les plus sceptiques.
Paris je t’aime
Lorsqu’il émane
De tes sursauts
Des hystériques.
Mon grand pari,
Mon tout petit,
C’est de te vivre
Par tous les bouts.
Mon grand pari,
Mon tout petit,
C’est d’être saoul
De tous tes vivres…
J'aime pas la baguette
2014
Vous voulez que j’vous dise ?
Je cache un lourd secret,
De ceux qui paralysent,
Et qui vous rendent suspects…
Je ne porte pas d’bérêt,
J’aime pas la haute couture,
Je hais le quai d’Orsay
Et Rimbaud j’trouve ça dur !
Mais le comble du comble,
Et sûr qu’ca m’rend muette !!
C’est que j’habite Villemomble
Et qu’j’aime pas la baguette,
CHUT !
On me pense Parisienne
Et j’ose pas répliquer !
Donc j’use de stratagèmes
Pour pas m’faire repérer, mais…
Je m’étouffe aux croissants,
J’comprends rien au french-kiss,
Le vin m’fait mal au sang
Et Claudel, j’trouve ça lisse !
Mais le comble du comble,
A vous faire prendre perpette !!
C’est que j’habite Villemomble
Et qu’j’aime pas la baguette,
CHUT !
J’vous raconte pas l’enfer,
Pour faire semblant de tout,
J’apprends par cœur Baudelaire,
Pour que Paris m’pardonne tout car…
…Je suis bonne conductrice,
Je dis bonjour aux gens,
J’me la joue pas actrice,
J’attends l’métro suivant.
Et le comble du comble
Ou le drame du drame
C’est que j’adore Villemomble,
Et son pain d’campagne.
CHUT !!!
La Scène
2014
La peur aux quatre vents
Tu m’invites à l’essai
Sur ton parquet flottant
Pour voir ce que ça fait
D’être grand, d’être seul,
D’être le pauvre puis le roi,
D’être enfant, d’être aïeul
Et puis tous à la fois.
Ton beau rideau de brume,
Je le perce en trois coups :
Quand vient le clair de lune,
Plus de mur entre nous…
Juste les vagues, juste les râles,
Juste un plein abyssal,
Juste toi, juste moi,
Et tant d’autre à la fois.
La scène,
Chaque nuit je me livre
Sereine,
A ses flots interdits !
Elle règne,
Et distille mes rêveries,
La scène…
A voguer ton récif,
Je m’échoue sur tes côtes
Par lesquelles j’aspire
A respirer pour d’autres…
Tes consciences, tes auteurs,
Tes encres d’eau, de sueurs,
Tes essences, tes couleurs,
M’innondent de l’interieur.
Increvable courant
Tu te nourris du drame
Qui tempête gaiement
Au sein de tes eaux calmes…
Pour tanguer, pour vibrer,
Pour vomir ton excès,
Pour flotter, se noyer,
Se sentir chavirer !
La scène,
Chaque nuit je me livre
Sereine,
A ses flots interdits !
Elle règne,
Et distille mes rêveries,
La scène…